Economie, Gouvernance || Changement climatique et Donald Trump

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«Il a quelques liens entre l’activité humaine et le réchauffement climatique» a dit Trump.

La politique climatique du nouveau président des Etats-Unis a de quoi inquiéter. Il qualifie le changement climatique de «coup monté par les Chinois». Durant sa campagne électorale il a promis de se retirer de l’accord conclu à Paris l’année dernière pour lutter contre le réchauffement climatique. Monsieur Trump et son populisme «America first» ne fera apparemment rien pour aider la planète, mais rien ne sert de «paniquer».

Même si Monsieur Trump respecte l’engagement des Etats-Unis envers l’accord de Paris, il reste peu probable que le gouvernement qu’il aura mis en place s’y tienne. Parmi eux, plusieurs pensent que les accords sur le climat ne sont que des exemples d’un dépassement réglementaire mondial. Une grande partie du corps électoral de Trump rejette le réchauffement climatique en soi et le qualifie d’un «mouvement de mode débile vendu par les élites.» Les combustibles fossils demeurent alors libres et prospères. Le 21 novembre, Trump annonce qu’il se débarrassera des «restrictions destructrices d’emploi» faites sur la production américaine d’énergies fossiles, qui représente 80% des émissions de gaz à effet de serre émises par l’homme.

Le gouvernement de Trump risquera d’affaiblir l’accord de Paris puisqu’il diminuera les sommes reversées aux autres pays pour faire face au changement climatique. La charge pour lutter contre le réchauffement climatique ne concerne pas tant les pays riches où la demande en énergie est stable et l’efficacité augmente, mais plutôt les pays pauvres où il manque encore des milliards à investir pour obtenir une énergie à bas coût. Les pays pauvres étaient aussi soutenus et motivés par l’aide de 100 milliards de dollars dont ils étaient en partie bénéficiaires, aussi financée par les Etats-Unis. La charge pour que ces pays adopte une démarche durable sera d’autant plus lourde.

 

L’espoir d’un futur plus vert reste tout de même possible

La situation est inquiétante, mais un futur vert reste tout de même possible, que ce soit en Amérique ou ailleurs.

Les ambitions qu’à Trump avec les combustibles fossiles restent structurellement limitées. Aucune compagnie n’ira creuser de puits à moins que ça leur soit rentable, pour cela il faudrait que le prix du pétrole soit considérablement plus haut qu’il ne l’est actuellement.

De plus, les autres pays ont des intérêts économiques à rester sur la voie de la décarbonisation. Les coût des énergies renouvelables est en train de chuter. A titre d’exemple, le prix des batteries automobiles a diminué de 80% depuis 2008; la facture pour la production d’énergie éolienne-offshore a été divisée par deux au cours des trois dernières années en Europe du Nord; le coût de l’énergie solaire se rapproche de celui du pétrole ou du charbon, de telles avancées vont freiner la demande en pétrole et en charbon au cours des décennies à venir. L’année dernière a été la première durant laquelle les énergies renouvelables ont dépassé les capacités de production du charbon à l’échelle mondiale (même si le gaz naturel occupe une place importante parmi les énergies renouvelables).

 

Etats-Unis, ne vous retirez pas de la COP

ll y a tout de même beaucoup à regretter de l’exclusion des Etats-Unis en tant que leader dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’idée que le deuxième pollueur mondial prenne le rôle de passager clandestin dans la lutte contre le réchauffement climatique incite les autres pays à riposter (une décision pourrait être d’imposer une taxe carbone sur les exportations américaines rendant alors les échanges commerciaux plus équitables). Les accords de Paris, ayant fixé un objectif de limiter la hausse des températures à 2°C au dessus de celles durant la période pré-industrielle devient d’autant plus compliqué si les Etats-Unis se retirent du projet.

Dans le changement climatique comme dans bien d’autres domaines qui en sont venus à dépendre du leadership américain, le reste du monde peut s’en sortir. La Chine, l’Inde, L’Union Européenne, le Canada et bien d’autres pays doivent rester motivés pour adopter des énergies plus propres. S’ils s’unissent, ils peuvent faire la différence, avec ou sans les Etats-Unis.

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